Le régime de l’auto-entrepreneur est un statut idéal pour débuter une activité, grâce à la simplicité des démarches administratives et du paiement des cotisations. Toutefois, il convient de noter que, contrairement aux entreprises classiques, les auto-entrepreneurs ne bénéficient pas de la possibilité de déduire leurs charges de leur chiffre d’affaires, ce qui limite la défiscalisation de leurs dépenses et l'optimisation de leurs charges déductibles.
Le régime de l’auto-entrepreneur (officiellement micro-entrepreneur ou micro-entreprise) a été conçu pour des activités en création et générant encore un revenu peu élevé. Pour rappel, ce statut est réservé aux professionnels dont le montant du chiffre d’affaires en 2025 ne dépasse pas les seuils suivants :
Les professionnels ayant fait le choix de la micro entreprise bénéficient, au quotidien, d’une simplicité de gestion et de différents avantages (voir ci-dessous). Il n’est cependant pas possible de déduire au réel les frais professionnels assumés par ce travailleur indépendant.
Le régime, en lieu et place, prévoit un abattement forfaitaire pour charges. Exprimé en pourcentage du chiffre d’affaires, son taux est variable en fonction de la nature de l’activité. Les auto-entrepreneurs sont ensuite imposés sur la base du bénéfice net après application de cet abattement. En 2025, le taux d'abattement (avec un minimum de 305 €) s’élève à :
À noter
Abattement en zone rurale
En zone rurale, lorsqu’un auto-entrepreneur réalise un chiffre d’affaires inférieur ou égal à 15 000 € et que son local n’est pas implanté dans une zone géographique tendue, un abattement additionnel de 21 % est appliqué (article 50.0 du CGI).
L’application d’un abattement au taux forfaitaire sur le chiffre d’affaires de l’auto-entrepreneur est un véritable atout en termes de facilité de gestion. Ce travailleur indépendant, notamment, n’a pas à assurer le suivi et le calcul du remboursement de ses frais professionnels. Il est, par exemple, dispensé de conserver chaque facture de ses achats ou de rédiger des notes de frais auto-entrepreneur en cas de contrôle par l’administration fiscale.
Pour rappel, les entreprises et sociétés commerciales hors régime micro fiscal (auto entreprise) doivent, au contraire, assurer une traçabilité de l’ensemble des frais engagés par leurs salariés à titre personnel et dans l’exercice de leur activité. Cela inclut par exemple :
Le régime de l’auto entreprise est associé à d’autres avantages très attractifs, dont notamment :
Dans de nombreux cas, la création d’une activité exercée en auto-entreprise ne génère pas des frais professionnels très lourds pour l’entrepreneur. L’abattement forfaitaire représente alors une juste compensation, ou même une aubaine permettant une réduction intéressante des impôts.
Il peut cependant arriver que certaines prestations de services ou activités libérales nécessitent des dépenses lourdes pour l’auto-entrepreneur, dépassant le montant de l’abattement. Il est alors souvent plus judicieux d’opter pour un autre statut juridique, comme une entreprise individuelle à responsabilité limitée (EIRL), une société par actions simplifiée unipersonnelle (SASU) ou même un statut de portage salarial.
Les auto-entrepreneurs ne peuvent pas déduire directement leurs frais professionnels comme le permettent les régimes réels. En effet, dans ce régime, l'impôt et les cotisations sociales sont calculés sur la base du chiffre d’affaires brut.
Pour pallier ce manque de déduction, un abattement forfaitaire est appliqué lors du calcul des cotisations, dont le taux varie en fonction de l'activité (par exemple, 71 % pour les activités de vente, 50 % pour les prestations de services et 34 % pour les professions libérales).
Ainsi, les frais engagés par l’auto-entrepreneur, tels que le loyer, l'achat de matériel, les frais de téléphone ou d'électricité, ne sont pas déductibles de manière individuelle.
En complément, il est recommandé de rechercher des alternatives pour réduire ses dépenses, comme négocier des contrats plus avantageux avec les fournisseurs ou utiliser des outils numériques pour diminuer les coûts administratifs et opérationnels.
Le régime de « franchise en base » de TVA permet de ne pas déclarer ou facturer la taxe sur la valeur ajoutée. En contrepartie, il ne vous autorise pas à récupérer la TVA sur un achat professionnel. Comme vu précédemment, la franchise bénéficie automatiquement à un micro entrepreneur dont le chiffre d’affaires en 2025 n’excède pas les seuils suivants :
En matière de frais professionnels et impôts, la gestion d’une micro-entreprise ne permet donc pas la déclaration et la déduction des charges sur une base réelle.
Il existe pourtant deux autres solutions pour se faire rembourser, de facto, certaines dépenses : la surfacturation du client ou la déclaration des frais de débours.
Un auto-entrepreneur doit bien souvent engager des dépenses afin de mener à bien une prestation ou la réalisation d’un chantier pour le compte de son client : achat de matières premières et consommables, acquisition du matériel à poser, etc.
Dans de nombreux cas, le professionnel va compenser ces charges en les reportant sur la facture envoyée à son client. Il va y inclure ces différents frais en plus du coût de la prestation elle-même. C’est le principe de la surfacturation, tout à fait valable et admis aux yeux de l’administration fiscale. Dans ce cas, il est recommandé de détailler sur la facture la nature du matériel, son coût unitaire, et préciser si la TVA est applicable ou non en fonction de votre régime fiscal. Par exemple, si vous êtes en franchise en base de TVA, vous devez mentionner « TVA non applicable, article 293 B du CGI ».
L’intégration des frais d’achat, en surfacturant ces coûts de manière transparente, doit toujours respecter les mentions légales obligatoires afin d’éviter toute contestation par l’administration fiscale.
Si le coût du matériel est élevé, il est possible de l'amortir sur plusieurs prestations. Dans ce cas, le coût sera réparti sur une période déterminée, et chaque facture inclura une partie de l'amortissement.
Par exemple, si un outil coûte 1 000 € et doit être amorti sur 10 prestations, vous ajouterez 100 € par facture. Veillez à préciser clairement sur chaque facture que ce montant correspond à l'amortissement du matériel sur plusieurs interventions.
La surfacturation, en pratique, est cependant un choix pouvant s’avérer assez problématique :
Un micro-entrepreneur, en sa qualité de travailleur non salarié, pourra difficilement se faire rembourser les frais professionnels ne relevant pas de l’achat de fournitures pour ses clients. Les charges non déductibles incluent par exemple :
Il n’est pas non plus éligible au remboursement d’une prime habillage si une partie de son temps de travail est réservée à l’habillage et au déshabillage. Cette compensation doit être négociée au cas par cas avec son client.
Même si le régime de l’auto-entrepreneur ne permet pas de déduire les charges au réel, il demeure indispensable de tenir un registre précis des recettes et des achats.
Nous recommandons de mettre en place un système de gestion comptable, idéalement à l’aide d’outils numériques adaptés. Ces logiciels facilitent la catégorisation et le suivi des dépenses.
L’auto-entrepreneur doit veiller à organiser ses factures et à conserver tous les justificatifs afin de pouvoir les présenter en cas de contrôle. Une tenue rigoureuse de ces registres permet également d’anticiper des changements de régime fiscal si l’activité se développe et nécessite une révision du statut.
Les « frais de débours » constituent tout simplement des dépenses engagées par l’auto-entrepreneur pour le compte de son client.
Ces dépenses, si elles sont rendues entièrement distinctes de la prestation elle-même, peuvent faire l’objet d’un remboursement par le client sans intégration dans le chiffre d’affaires de l’auto-entrepreneur. Il est ainsi possible d’éviter tout problème lié à une surfacturation.
Modalités de facturation
Les frais de débours représentent l’option la plus avantageuse pour un professionnel régulièrement amené à réaliser des achats pour ses clients (artisans du bâtiment, prestations de conseil en décoration intérieure…). Ils sont cependant soumis à un formalisme bien spécifique :
Une facture de frais de débours peut donner lieu à un contrôle du service des impôts. Il est donc essentiel de conserver l’ensemble des justificatifs utiles concernant ces achats professionnels, y compris l’accord écrit du client. Cette méthodologie garantit une transparence totale. Elle facilite les contrôles fiscaux. En effet, les débours ne doivent pas gonfler artificiellement votre chiffre d’affaires déclaré.