La gestion des notes de frais ne se résume pas à collecter les justificatifs, s’assurer de leur validité puis procéder aux remboursements.
En tant que DAF, il est de votre responsabilité de vous assurer que la gestion des notes de frais au sein de votre entreprise est en conformité avec les règles mises en place.
Voici ce que vous devez savoir pour éviter un redressement en cas de contrôle de l’URSSAF.
Toute entreprise peut faire l’objet d’un contrôle de l’URSSAF, indépendamment de son nombre de salariés ou de son chiffre d’affaires. Il existe deux types de contrôles :
L’URSSAF opte parfois pour une procédure de contrôle par échantillonnage et extrapolation. Cela signifie que seule une portion des salariés va être contrôlée après tirage au sort, puis les résultats de ce contrôle seront extrapolés à l’ensemble des salariés.
Cette procédure est surtout utilisée pour les grandes entreprises et vise à réduire la durée du contrôle en limitant le nombre de justificatifs à fournir et contrôler. Si l’URSSAF opte pour cette procédure, elle doit vous le signifier en avance : vous disposez alors d’un délai de quinze jours pour vous y opposer.
Plus globalement, quelle que soit la procédure retenue, l’URSSAF doit vous informer qu’un contrôle va être effectué dans votre entreprise par l’envoi ou la remise d’un avis de passage. Le seul cas dans lequel vous ne serez pas prévenu est si l’URSSAF suspecte du travail dissimulé.
Bon à savoir
Un contrôle peut être effectué une fois tous les trois ans, il est donc possible d’être contrôlé plusieurs fois. L’entreprise peut également demander elle-même à être contrôlée.
En ce qui concerne le recouvrement, l’article L.244-3 CSS prévoit que seules les cotisations exigibles sur les 3 dernières années civiles et celle en cours peuvent être réclamées. Cette demande de recouvrement doit être faite par mise en demeure.
Pour plus d’informations sur la procédure de contrôle et vos droits, l’URSSAF met à votre disposition un document récapitulant tout ce que vous devez savoir en cas de contrôle et redressement URSSAF.
Un contrôle peut donner suite à un redressement de l’URSSAF lorsque l’inspecteur observe que certaines cotisations ou contributions doivent être régularisées.
Le redressement peut concerner différents cas :
En cas de contrôle URSSAF qui aboutit à un redressement, le contrôleur vous fait part de ses observations et vous informe du montant à régulariser.
Vous disposez alors d’un délai de 30 jours pour régulariser votre situation, mais aussi pour répondre aux observations faites si vous le souhaitez.
Notez que l’URSSAF n’est pas obligée de tenir compte de vos remarques ou d’y répondre. Durant ce délai, vous avez le droit de demander à négocier le montant exigé ou de faire une demande de délai de paiement pour le redressement URSSAF.
Cette demande pourra cependant être refusée. De même, vous pouvez saisir la commission de recours amiable (CRA) pour contester le redressement.
Cette décision doit être réfléchie, car si vous n’obtenez pas gain de cause et que votre délai de régularisation expire entre temps, des pénalités de retard peuvent vous être demandées en plus du montant du redressement URSSAF.
Guide : Automatisation des notes de frais
Les clés pour prendre les bonnes décisions
Un contrôle URSSAF ne se limite pas à une simple régularisation des cotisations. Ses impacts peuvent être significatifs, tant sur le plan financier que juridique et organisationnel.
En cas de redressement, l’entreprise peut se voir appliquer des pénalités et majorations de retard, alourdissant le montant à régulariser. Le montant de ces pénalités dépend de la nature des irrégularités constatées et de la durée du non-respect des obligations déclaratives.
Un redressement peut impacter l’image de l’entreprise auprès de ses partenaires, fournisseurs et clients. Une gestion défaillante des obligations sociales peut remettre en question la fiabilité et la conformité de l’entreprise aux yeux de ses investisseurs ou collaborateurs.
Un contrôle peut révéler des erreurs dans la gestion des avantages en nature ou des frais professionnels. Ces découvertes peuvent créer des tensions internes, voire des contestations de la part des employés, notamment s’ils estiment que des remboursements n’ont pas été effectués correctement.
Dans les cas les plus graves, des poursuites judiciaires peuvent être engagées contre l’entreprise pour non-respect des obligations sociales. Cela peut entraîner des amendes, voire des sanctions pénales pour travail dissimulé ou fraude aux cotisations sociales.
Si l’URSSAF soupçonne une fraude, telle que la dissimulation de salaires ou le travail dissimulé, l’entreprise peut faire l’objet de poursuites pénales pour fraude fiscale ou sociale. Dans ce cas, des sanctions sévères peuvent être appliquées, allant d’amendes substantielles à des peines d’emprisonnement pour les dirigeants.
De plus, en cas de manquements graves, l’URSSAF peut imposer des pénalités de retard, qui varient entre 40 % et 80 % des cotisations dues, selon le degré de l’infraction. Ces majorations s’ajoutent aux sommes déjà réclamées et peuvent rapidement mettre en difficulté la trésorerie de l’entreprise
Si l'URSSAF vous réclame des cotisations supplémentaires à la suite d'un redressement, plusieurs options s'offrent à vous pour gérer cette dette et éviter des pénalités financières supplémentaires.
Si vous estimez que le redressement est injustifié, vous avez la possibilité de contester la décision. Vous pouvez dans un premier temps déposer un recours amiable auprès de la Commission de recours amiable (CRA) de l’URSSAF. Si ce recours n’aboutit pas, il est possible de saisir le tribunal judiciaire compétent.
Une fois la dette notifiée, il est crucial de respecter les échéances fixées par l’URSSAF. Tout retard de paiement peut entraîner l’application d’intérêts de retard et de majorations, aggravant le montant à régulariser.
Si l’entreprise rencontre des difficultés financières, elle peut solliciter un échelonnement du paiement auprès de l’URSSAF. Ce plan permet d’étaler la dette sur plusieurs mois, voire plusieurs années, sous réserve d’un accord avec l’organisme. Il est important de justifier les difficultés financières pour obtenir cet aménagement.
Travailler avec un expert-comptable ou un avocat spécialisé en droit fiscal et social peut être une solution efficace pour :
Afin d’éviter un redressement de l’URSSAF, la solution la plus simple est encore de ne pas faire d’erreurs.
Les DAF doivent ainsi faire preuve d’une très grande rigueur administrative, ce qui concerne également la gestion des notes de frais : chaque dépense et chaque remboursement doivent pouvoir être justifiés.
Pour cela, montrez-vous vigilant sur ces différents points :
Ils doivent être conformes aux intérêts de l’entreprise, justifiés par un réel besoin dans l’activité exercée, et être raisonnables et cohérents.
L’URSSAF peut demander à contrôler différents justificatifs, comme les notes de frais de restaurant ou la carte grise des véhicules utilisés pour les déplacements professionnels, par exemple. Il est de votre responsabilité de pouvoir les fournir.
Chaque dépense doit être accompagnée d’un justificatif de note de frais légalement valable : de nombreux redressements sont dus à l’absence de ces justificatifs. Si l’employé n’est pas en mesure de présenter un justificatif, deux solutions pour le DAF : soit il refuse le remboursement, soit il lui accorde.
Dans ce dernier cas, la décision devra être exceptionnelle et concerner une dépense raisonnable. Il est aussi possible de demander à l’employé de rédiger une déclaration sur l’honneur attestant qu’il a perdu son justificatif.
Bon à savoir
L’URSSAF accepte, sous certaines conditions, les justificatifs dématérialisés; si vous avez opté pour une solution comme Mooncard, par exemple, cela vous permet de retrouver aisément chaque justificatif de notes de frais.
Deux solutions sont possibles : remboursement au réel sur justificatif ou remboursement forfaitaire.
En ce qui concerne les collaborateurs, il n’y a aucun souci à opter pour l’une ou l’autre de ces méthodes, mais attention : pour les dépenses effectuées par le gérant de l’entreprise, il est recommandé d’opter pour le remboursement au réel.
Encore une fois, les frais remboursés doivent apparaitre comme étant conformes aux intérêts de l’entreprise et cohérents avec le contexte dans lequel ils s’inscrivent.
Être trop généreux avec ses employés, d’une manière qui n’est pas justifiée aux yeux de l’URSSAF, peut apparaitre comme des avantages en nature dissimulés. Vous devez donc plafonner les dépenses, puis veiller à respecter ces plafonds.
Pour éviter un redressement, il est essentiel d’adopter des pratiques rigoureuses en amont.
Parmi les actions préventives à mettre en place :
Un contrôle URSSAF peut être stressant, le contrôleur examine tout à la loupe et les erreurs de bonne foi ne sont pas impossibles, même en étant vigilant. En suivant nos conseils, vous vous assurez d’éviter au maximum les risques de redressement.